Femelles
Andrea Long Chu

Papier

14,00

 

« Tout le monde est femelle, et tout le monde déteste ça » : c’est par ces mots que débute le manifeste d’Andrea Long Chu, tour à tour compte-rendu de sa réassignation de genre, histoire du féminisme occidental, radiographie de la manosphère étasunienne, lecture à contre-emploi de la vulgate freudienne et réflexion sur l’Internet 2.0, pornographie de niche incluse. Au centre du texte, une conviction à même de bouleverser les fondations de notre politique des genres : être femelle tient moins de l’état de fait biologique que d’une infirmité de nature existentielle dont nous sommes tous victimes, les hommes, les femmes et tous les autres aussi.

Composée dans les marges d’une pièce perdue de Valerie Solanas — l’autrice de SCUM Manifesto célèbre pour avoir ouvert le feu sur Andy Warhol —, Femelles propose un éclairage iconoclaste à mi-chemin du témoignage et de l’essai sur le masculinisme, la pornographie, la transidentité et plus globalement le genre, entendu comme violence ourdie contre soi-même pour le désir d’autrui.

Autrice, critique et essayiste largement reconnue comme la pionnière de la  « deuxième vague » des études sur la trans­ide­n­­tité, Andrea Long Chu prépare actuel­lement sa thèse en littérature comparée à New York University. Ses publi­cations sur le genre lui ont valu un large écho dans la recherche et dans la presse américaines.

 

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Description

extrait


Pour le problème qui nous occupe, j’appellerai femelle toute opération psychique dans laquelle le moi se sacrifie au profit des désirs de l’autre. Ces désirs peuvent être réels ou fantasmés, concentrés ou diffus — les exigences sexuelles d’un petit ami, un faisceau d’attentes culturelles, une grossesse matérielle —, mais le moi se vide quoi qu’il en soit de lui-même et sert d’incubateur à une puissance externe. Être femelle c’est laisser quelqu’un d’autre mener le travail du désir à sa place, à ses dépens aussi. Ça signifie que la femellité, bien qu’elle ne fasse souffrir qu’à des moments donnés, est par essence préjudiciable. Son retentissement terminal, au moins dans les cas recensés jusqu’ici, est la mort.
Il s’agit, ça va de soi, d’une définition hautement contestable. Elle semble d’autant plus fantaisiste si vous, comme moi, l’appliquez à tout le monde — littéralement tout le monde, chaque petit être humain depuis la création de la planète. Donc c’est bien ça : quand je parle de femelles, je ne parle pas de sexe biologique, quoique je ne fasse pas référence au genre non plus. Je parle en fait de quelque chose qui pourrait tout aussi bien être le sexe tel que les réactionnaires le décrivent (permanent, toujours identique à lui-même, etc.), mais dont la nature est ontologique, pas biologique. La femellité n’est pas le caractère anatomique ou génétique d’un organisme mais plutôt la condition existentielle univer- selle, l’unique structure de la conscience humaine. Être, c’est être femelle : les deux sont identiques.

Informations complémentaires

Dimensions 1 × 12 × 18.4 cm
Pagination

128 pages

Office

8 avril 2021

ISBN

978-2-9565605-3-1